Le visage de l’accessibilité

Françoise assise à son fauteuil roulant serrant Freddie, le petit chien de Stéphanie dans ses bras

L’accessibilité des lieux est souvent associée à l’environnement, au bâti qui nous entoure. Pour moi, l’accessibilité a un visage. Il a le visage de toutes ces personnes qui peuvent en bénéficier et pour qui je souhaite plus de justice.

Qu’on veuille utiliser le terme conception universelle, accessibilité universelle, inclusion, peu importe pour moi, bien que je connaisse les subtilités les distinguant. Le but ultime est d’offrir des opportunités de participation sociale au plus grand nombre d’individus possible pour qu’ils puissent s’épanouir.

Dernièrement, il m’est apparu de façon encore plus flagrante que le visage de l’accessibilité c’est celui de Françoise. Françoise est la grand-mère de mon conjoint. Une personne pétillante, forte, aimante, drôle et persévérante. Tout le monde devrait avoir une mamie comme elle. Malheureusement, comme pour bien des gens, la pandémie a été très difficile pour elle. La peur de la COVID, les règles sanitaires, les restrictions des contacts sociaux, c’est extrêmement difficile pour une personne qui s’épanouit avec le contact humain. Malgré les difficultés de santé physique et mentale que tout ça a généré, elle s’est relevée, elle s’est battue, elle a donné tout ce qu’elle avait pour conserver son autonomie. Pour une personne habituée à son autonomie au quotidien, la nécessité d’avoir à prendre plus de temps, trouver les aides nécessaires pour fonctionner au quotidien, demander de l’aide au besoin, revoir son environnement pour qu’il soit aidant plutôt qu’il nuise, ce n’est ni facile ni agréable, mais parfois un passage obligé.

Après un séjour long et périlleux à l’hôpital, les choses se stabilisent et hop c’était le temps pour la réadaptation. Encore une fois, beaucoup d’efforts, beaucoup de deuils, beaucoup de frustrations pointaient leur nez tous les jours. Malgré tout, Françoise a mis les efforts, a tenté de garder le moral, de mettre à profit cet environnement accessible qui n’était pas le sien pour refaire ses forces. On voyait des améliorations, des conditions gagnantes pour enfin passer à autre chose. Elle y a mis tout son coeur et malheureusement, il s’est épuisé. Le corps n’évolue pas toujours comme la tête le voudrait. Malgré tous les efforts, quelque chose n’allait pas. Après avoir vécu le doute des autres, des thérapeutes, des journées un peu en dents de scie, la maladie a pris le dessus. L’étincelle et la joie de cette merveilleuse femme se sont tranquillement éteintes.

Pourquoi je vous parle de Françoise? Parce que ma mamie d’adoption a toujours été une source d’inspiration pour moi. Peu importe son état de santé, je voulais qu’elle puisse avoir accès aux opportunités qui lui permettaient d’avoir une vie épanouissante, pleine et heureuse jusqu’à la fin de ses jours. Son plaisir n’était pas entre ses quatres murs. Son plaisir était avec sa gang qu’elle allait voir au centre commercial ou en sortie avec sa famille. Pour y arriver, il faut que ces environnements soient accessibles, inclusifs, accueillants. Il ne faut pas sous-estimer ce que des lieux publics peuvent apporter dans la vie des gens. Que ce soit pour travailler, contribuer à la vie politique et communautaire, se ressourcer, s’instruire, visiter des proches ou des amis, etc., l’accessibilité des lieux est essentielle à notre fonctionnement. Malheureusement, encore trop d’obstacles freinent les personnes handicapées et en perte d’autonomie dans leurs aspirations.

Je mets donc tous mes efforts, tout mon coeur et mon expertise sur le sujet à profit. Je veux contribuer à bâtir un monde meilleur. Vous, vous pouvez tous m’aider à votre façon. L’inclusion, l’accueil, la considération de l’autre, l’encouragement dans les aspirations des autres sont tous des cibles que vous pouvez atteindre avec moi. Soyez à l’écoute, prenez le temps de penser aux autres, ne voyez pas un handicap comme une faiblesse; c’est une différence et nous sommes tous différents peu importe.

Pour moi, pour toujours, l’accessibilité aura le visage de mes amis aux capacités différentes que j’ai rencontrés au fil du temps, mais aussi celui de ma belle Françoise. Sa vivacité, son étincelle et sa beauté vont continuer à me guider. 

Aujourd’hui c’est votre anniversaire, nous n’avons pu le fêter à la hauteur de qui vous êtes et de tous les efforts et les sacrifices que vous avez dû faire au cours des dernières années. Je vous aime fort fort fort. J’aurais aimé que le dénouement soit différent, j’y croyais. J’ai voulu vous accompagner du mieux que j’ai pu, j’aurais aimé en faire 1000 fois plus si j’avais pu. Je veux que vous puissiez aller partout où vous le souhaitez. Vous continuerez d’être ma muse de l’accessibilité. Bon repos ma belle Françoise, vous avez été une bouffée de fraîcheur dans ma vie, de laquelle je ne me serais jamais lassée.

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Pourquoi l’approche participative pour repenser l’accessibilité ?